L’état d’esprit et la mobilisation dans les hôpitaux toulonnais

Un témoignage de Gaël Le Menn, co-listier de Toulon en Commun, formateur infirmier :

En tant que formateur dans les métiers de la santé, que peux-tu nous dire sur l’état d’esprit et la mobilisation des personnels  ? Je crois que les soignants sont très lucides sur la situation. Ils sont à la fois inquiets et engagés. La question de la mobilisation ne se pose pas vraiment car prendre en charge les patients fait partie de l’éthique soignante. Donc ils sont mobilisés. Une infirmière serait morte du COVID 19 dans le grand Est … Il faut bien comprendre qu’il n’y a pas de traitement à ce virus. C’est une situation sanitaire que redoute tous les soignants. Cela les place en position de sauvegarde de ce qui peut l’être. Humainement, c’est très difficile. Après, les soignants savent faire.  

Selon toi, les mesures annoncées par le gouvernement sont-elles adaptées ?L’intention de couper la chaîne de propagation du virus est très importante. De ce fait, il faut éviter les discours polémiques qui risquaient de démotiver la population. Pour autant, il me semble évident que ce n’est pas suffisant pour influencer des comportements qui continuent d’être inadaptés. Il y a trop de messages contradictoires. Le gouvernement ne fait pas le choix entre économie et santé (une vieille habitude !). On ne peut pas en même temps rester chez soi et sortir de chez soi. Il ne faudrait pas avoir le choix.Pour moi, il faut renforcer d’urgence les mesures de confinements. 

Comment vois-tu les semaines à venir ?Le confinement sera prolongé et surement durci. Les cas graves de COVID 19 vont augmenter de façon exponentielle. Lorsque les capacités maximales de prise en charge en réanimation seront atteintes, la courbe des décès va augmenter de manière brutale, comme en Italie. Cela va être très traumatisant et dramatique. Ce n’est pas une hypothèse, c’est certain, à mon avis.  

Quel rôle pourrait jouer notre assemblée populaire et citoyenne ? D’abord il faut encourager, éduquer, crier et toutes autres actions utiles pour que les gens restent chez eux et surtout ne croisent personne ! Ensuite, on pourrait organiser des chaines de veilles et de solidarité, numérique et téléphonique, afin de faire le point sur les situations individuelles. Cela peut s’organiser au niveau des quartiers, des rues, des immeubles. Chaque jour un petit tour pour voir si les autres vont bien. On renforcerait ainsi, par le collectif, l’acceptation des contraintes de l’isolement. Enfin, des gens vont mourir en nombre. Il faudrait réfléchir à ce que l’on fait pour accompagner les survivants (familles, enfants, proches, animaux, …).

Pour rajouter un point plus polémique, le maintien du premier tour des municipales a été une erreur grave dont on mesurera malheureusement les résultats dans les urnes funéraires …

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