Création d’un collectif Stop Croisières ?

Excédés par la pollution, ils veulent créer un collectif Stop Croisières. Vous trouverez ici différents articles sur les pollutions maritimes et la tentative de Green-Washing de Corsica Ferries. (Photo Florian Escoffier)

L’explication de Guillaume Picard, ancien commandant de Ferry :

Madame Christine Grosso directrice des ports de la CCI et venant directement du GPMM (Marseille) nous promet 100 escales de paquebots géants en 2023, au môle d’armement qui bien entendu n’est pas électrifié (ni électrifiable ?), Toulon deviendrait une tête de ligne MSC Cruise.
Un paquebot géant consomme à quai entre 8 et 10 fois plus qu’un car ferry (quel dommage de ne pas pouvoir le garer sous les yeux de Mgr Falco dans la darse nord du Mourillon !) .
Cela équivaut donc à rajouter en quelque sorte 800 à 1000 escales de ferries… pour les Seynois !
Il n’y a pas de raison que tout le monde n’en profite pas !
Pour souhaiter la bienvenue à cette « capitaine d’industrie » , un collectif STOP CROISIERES TOULON est en train de se créer , suite à la rencontre débat que nous avons organisé avec Climat Zéro Fossile Toulon hier soir sur le sujet de la future zone SECA Méditerranée .

Article de La Marseillaise :

Un autre article a fait bondir Guillaume Picard :

Voici une interview de Mr. MATTEI PDG de la Corsica-Ferries par CORSE NET INFO.
https://www.corsenetinfos.corsica/Transports-maritimes-Corsica-Ferries-engage-sa-transition-ecologique_a69006.html
La lecture attentive est édifiante : Le vent souffle fort et les poissons se noient.  L’investissement dans la propulsion à voile remplace les plantations d’arbres en Amazonie et en Corse. Le bouquet est l’avant dernier alinéa:
    « Nous renouvelons la flotte régulièrement;  Pour preuve, les deux dernières acquisitions avec le Mega Regina et le Mega Victoria complètement rénovés pour faire face à cette demande d’amélioration de notre qualité de service ».  Acheter pas cher des ferries de 1985 qui ne sont plus les bienvenus en mer Baltique et rénover essentiellement la partie hostellerie ce n’est pas verdir sa flotte. On ne peut pas s’imposer de changer les moteurs sur d’aussi vieux navires donc rien ne change ! Cette démarche est hélas la vraie image de la Corsica-Ferries : la recherche du profit immédiat.
   Jean Charbonnier  Membre du Collectif   » Port de Toulon-Halte aux Nuisances ».

Un autre article de Var Matin précédé par le commentaire de Jean Escoffier :

VAR-MATIN a publié le 14 janvier 2023 une interview de Mr Stéphan ROUSSEAU, Adjoint du Directeur de la Direction Interrégionale de la mer Méditerranée. Il a 20 ans d’expérience du « contrôle des navires » mission incluant la surveillance du respect de la réglementation des émissions de polluants dans l’air.
Le journaliste Mathieu Dalaine fait ici un très bon travail. Le domaine est bien couvert avec des questions complémentaires qui facilitent la compréhension. Il a en face de lui un cadre supérieur du Public dont la parole est rare. Mr. Rousseau ne pratique pas la langue de bois et reste lui aussi dans son domaine de responsabilité. Son commentaire final sur les ZFE est plein de bon sens et courageux. Ah si on avait des responsables politiques aussi respectueux de leurs auditoires!
Ce qui est dit ici va à 80% dans le sens de mon combat depuis 2008. Je remercie Mrs Rousseau et Dalaine pour cette intervention. Je vais relever les points de convergence en limitant les commentaires.
– Il est certain que le nombre de contrôles menés à Toulon reste trop faible malgré, il me semble, une augmentation des moyens du CSN décidée en 2018 ou 2019.
– Le Valiant Lady serait une bonne cible pour le drone.
-. Pour ATMOSUD et le CSN l’effort doit porter sur le NO2 et les micro-particules Mr Rousseau souligne comme nous l’insuffisance de la réglementation.
– Le point de vue de Stephan Rousseau sur les scrubbers est le bon. Les dérogations sont des portes ouvertes sur un grand n’importe quoi y compris en Baltique comme le rapporte Guillaume Picard.
– Concernant le changement de carburant en approche la notion de zone de pilotage n’est pas assez précise. Nous demandons une précision du TOP début de la procédure  » machine » soit en minutes- environ 20 – soit en nautiques par rapport à la position de prise du pilote. Les Commandants doivent en effet respecter un délai nécessaire à la purge du fioul dans les conduits. A Toulon les navires sont entourés de zone habitées dès l’entrée dans la Petite Rade.
– NOX et age des moteurs: La Corsica- Ferry est spécialisée dans le rachat de vieux ferries des années 80 plus ou moins désarmés ou indésirable en Baltique. Elle vante la modernisations des salons et restaurants et/ ou l’augmentation du nombre de cabines et de places en garage. Mais jamais elle n’a envisagé une remotorisation. L’achat de ferries neufs n’est toujours pas confirmé. Dans ce domaine il y a besoin d’éthique, ou alors c’est à l’Etat de l’escale principale de se montrer exigeant, comme suggéré par Stephan Rousseau.
– Branchement électrique au quai. C’est un excellent somnifère, les annonces s’ajoutant à l’effet covid ont plongé beaucoup de monde en hibernation ce qui arrange bien les politiques. Mr ROUSSEAU est aussi certain que les associations que cela ne règlera pas tout.
-ZFE . Nous allons plus loin: Une ZFE à Toulon ne sera crédible que si elle englobe les axes d’entrée et de sortie du port. Nos Élus aiment les ferries au cœur de la ville, il ont le devoir d’assumer. Toute autre solution serait indécente.

L’article de Var Matin « En 2022, sept navires ont été contrôlés à Toulon » Stéphan Rousseau décrypte la pollution maritime dans le port de Toulon


Stéphan Rousseau est adjoint à la Dirm Méditerranée, service de l’Etat chargé, notamment, de surveiller les fumées des bateaux. La pollution liée au trafic maritime n’a pas de secret pour lui.
…..
En testant un drone renifleur dans le port de Marseille, la Direction interrégionale de la mer Méditerranée (Dirm Med) a placé sous les feux des projecteurs Stéphan Rousseau, sorte de « Monsieur fumée des navires » au service de l’État. Si l’expérimentation fut « intéressante » – 80 bateaux contrôlés, un PV dressé – « elle ne représente pas l’alpha et l’oméga de la lutte contre la pollution liée au trafic maritime », estime Stephan Rousseau. Zoom sur un combat de longue haleine dans lequel le port de Toulon se trouve au centre du jeu.


Comment procédez-vous pour vérifier que les émissions des navires sont conformes à la réglementation?
Notre Centre de sécurité des navires (CSN) réalise des inspections à bord. On regarde les certificats pour connaître la qualité du moteur; les registres, pour s’assurer qu’un carburant conforme a été chargé; on peut faire des prélèvements dans les cuves; vérifier le fonctionnement des scrubbers…


Qu’ont donné les contrôles menés à Toulon?
Sur la façade méditerranéenne, l’an passé, il y en a eu 240, pour quatre infractions constatées. Sept de ces contrôles ont été menés à Toulon. Aucun des bateaux inspectés n’a été pris en défaut sur le respect des normes environnementales.
Sept contrôles sur plus d’un millier d’escales de paquebots et de ferries, ce n’est pas énorme…
Certes, et nous souhaiterions renforcer ces actions. Mais il faut noter que nous contrôlons beaucoup, à Marseille, les bateaux de croisières qui font aussi escale dans la rade. C’est plus pratique pour nous: en l’absence de laboratoire agréé dans le Var, c’est à Martigues que nous devons ramener nos échantillons.

Avez-vous inspecté le paquebot Valiant Lady, de la compagnie Virgin Voyages, dont les fumées ne passent pas inaperçues?
Oui. Nous avions eu un signalement sur ce bateau. Mais lui aussi était conforme. On a d’ailleurs eu plusieurs cas de navires tout neufs, équipés de scrubbers, qui avaient tendance à générer beaucoup de fumée. Et pourtant, le panache respectait le taux de SOx…
Ça veut dire que l’impression peut être trompeuse?
Quand c’est de la fumée jaune, c’est plus dur à accepter… Sauf que nous n’avons pas de normes sur la fumée ou les particules fines. Dans le cadre de la mise en place d’une charte pour la croisière durable, on incite donc les armateurs à aller au-delà de l’aspect réglementaire. Par exemple, les bateaux qui fument sont invités à ne plus utiliser leurs scrubbers et à basculer directement sur du carburant à 0,1% de soufre. Même s’ils sont dans les clous.
À quoi ça sert, un scrubber?
Pour pouvoir continuer à utiliser un carburant très soufré, et donc beaucoup moins cher, nombreux sont les armateurs à avoir investi dans ce dispositif qui permet de laver les fumées. Si c’est un scrubber à boucle ouverte, où le soufre, très acide, est rejeté en mer, cela pose encore un autre problème… Et ce n’est interdit qu’à proximité du littoral. Surtout, le scrubber ne règle pas la problématique d’émission de NOx, ni de particules fines.
Les contrôles ne seraient pas très efficaces, c’est ça?
Ça sert. Mais, c’est du temps, de l’énergie… et à 99% les bateaux respectent désormais le taux de soufre. À un moment, la question peut donc se poser de continuer à les multiplier ou d’essayer de faire autre chose. Le problème aujourd’hui, en termes de santé publique, il est sur les NOx et les particules fines. Mais c’est beaucoup plus dur à contrôler. Leurs émissions dépendent de nombreux paramètres. Et la réglementation internationale est insuffisante
La rédaction de chartes avec les armateurs, comme vous y travaillez pour les croisières, ou comme cela s’est fait à Toulon avec Corsica Ferries, est-elle une solution?
À Toulon, la Métropole a en effet choisi, en accord avec la Corsica, d’aller plus loin que la réglementation en vigueur. Que leur escale soit courte ou longue, les navires jaunes et blancs doivent utiliser un gasoil marin à 0,1% de soufre. Ils changent même de carburant dès la zone de pilotage. C’est positif.
La Corsica Ferries fait-elle partie des compagnies vertueuses en matière d’écologie?
Si la compagnie accepte de se plier aux règles édictées par TPM, c’est aussi qu’elle bénéficie de compensations financières des pouvoirs publics pour cela… Après, c’est vrai, elle s’est aussi engagée à se brancher électriquement à quai dès cette année. C’est une bonne chose.
Et concernant la pollution aux NOx?
En vertu de ce qu’on appelle « la clause du grand-père », les réglementations les plus récentes sur les NOx ne sont pas applicables à ses ferries, trop anciens. Or, plus le moteur est vieux, plus il génère des oxydes d’azote… Il faudrait pouvoir imposer une rétroactivité des règles. Ou que les ports s’engagent à accueillir des bateaux plus vertueux.
L’électrification des quais va-t-elle, comme on nous le « vend », supprimer toutes les fumées?
Non. Déjà parce qu’un navire qui démarre ses moteurs crache beaucoup de fumée. Surtout les vieux bateaux… Mais ça reste une solution intéressante.
Sauf qu’elle ne serait obligatoire que pour les escales de plus de deux heures. Or, les ferries de la Corsica font beaucoup d’escales courtes, surtout l’été…
Fondamentalement, l’opération de branchement électrique prend un quart d’heure…
Votre discours est assez pessimiste au final, non?
Sur les problématiques environnementales dans le maritime, la prise de conscience est tardive mais elle est là. La réglementation évolue et les armateurs suivent, même si c’est à marche forcée. Pour moi, désormais, l’avenir passe par l’électrification des navires à quais et par le rajeunissement de la flotte. Ainsi que d’autres mesures auxquelles nous réfléchissons, notamment dans le cadre de la charte croisières.
Quelles mesures, par exemple?
En ville, la mise en place de Zones à faibles émissions (ZFE) ne concerne que les véhicules roulants. Quand on a un pic de pollution, et que le préfet demande des restrictions de circulation, certains bateaux ne devraient peut-être pas pouvoir faire escale s’ils ne sont pas raccordés électriquement à quai.


Scrubber, NOx, SOx, Seca… De quoi parle-t-on?
Scrubber: Filtres placés dans les cheminées des navires, permettant de « laver les fumées » et d’obtenir des taux d’émissions polluantes équivalents à l’utilisation de carburants réduits en soufre.
NOx: Les oxydes d’azote sont un polluant dangereux pour la santé, émis par les moteurs des navires. Plus le moteur est vieux, plus il aura tendance à polluer.
SOx: Les oxydes de soufre sont un polluant dangereux pour la santé. Depuis 2020, les carburants marins ne doivent pas contenir plus de 0,5% de soufre. Dans les ports européens, la limite est de 0,1% (ce qui reste 100 fois plus que pour les voitures diesel).
Seca: Zone de contrôle des émissions de SOx et de particules. Une zone Seca sera mise en place en Méditerranée en 2025, avec l’obligation pour tous les navires d’utiliser, en mer, un combustible dont la teneur en soufre ne dépassera pas les 0,1%.

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