Conseil municipal de Toulon 20/11/2020
Ce conseil municipal a été retransmis en direct par la mairie car il n’était pas ouvert au public pour raisons sanitaires. Vous pouvez le regarder ici !
Var Matin a rendu compte de certains moments du conseil, et si vous préférez lire, nous vous mettrons plus bas le compte-rendu complet lorsqu’il sera publié par la mairie.
Intervention de Philippe Leroy préparée avec le groupe Toulon en Commun :
Monsieur le Maire, Monsieur Mahali,
J’ai lu attentivement le rapport 2020 sur la situation en matière de développement durable de la ville de Toulon.
Les généralités sont très belles et Toulon en Commun ne peut qu’y souscrire.
Mais je lis dans ce rapport peu d’actions concrètes sur le développement durable,
en tout cas loin d’être à la hauteur des enjeux et des promesses écrites dans les généralités !
Je ressens un double-discours entre les grands principes et le peu de mesures décrites. Cela me fait un peu sortir de ma réserve habituelle.
Je vais prendre quelques exemples, vous me pardonnerez d’être un peu moins concis qu’habituellement, mais l’enjeu du développement durable est devenu une priorité majeure vu l’état de la planète, n’en déplaise à Monsieur Navaranne que nous avons découvert climato-sceptique au précédent conseil.
Commençons par la qualité de l’air : c’est bien de plus mesurer la qualité de l’air,
mais que fait-on pour supprimer les zones rouges ?
La plus importante semble être sur l’axe routier Est-Ouest et près des Ferries.
Je pense que nous nous en étions aperçu même sans les instruments.
Ne soyons pas la dernière métropole à déterminer la Zone à Faible Émission !
Qu’attendez-vous pour offrir un transport collectif en site propre sur l’axe est-ouest
pour permettre une diminution du nombre de voitures ? Ne faudrait-il pas augmenter les rotations de certaines lignes de bus qui sont bondées aux heures de pointes, alors que les mesures sanitaires imposent une distanciation physique ? Qu’attendez-vous pour faire accélérer le projet TER entre Carnoules, Hyères et Saint-Cyr ?
Ne serait-ce pas judicieux de relier tous les bouts de pistes cyclables présents sur cet axe Est-Ouest sans y laisser d’interruption afin de permettre aux cyclistes de prendre leur vélo sans avoir à craindre un accident ?
Ne faudrait-il pas proposer un cheminement piéton agréable pour relier Chalucet au centre-ville ? Avec un trottoir très large et sans obstacle pour les handicapés et les poussettes ? Et nous ne parlons là que d’un axe, et d’une problématique.
Vous allez me rétorquer que nous n’avons pas la place parce que nous sommes coincés entre la mer et la montagne. Mais c’est justement à cause de l’étroitesse de la ville qu’il faut favoriser les transports publics et les transports doux. Ce n’est que grâce à eux que nous arriverons à faire transiter fluidement tous les habitants de la Métropole.
Testons le Boulevard de Strasbourg sans voitures un samedi après-midi par mois
entre l’avenue Vauban et Noël Blache. Vous verrez rapidement comme les toulonnais prendront goût à l’attrait de ce boulevard, iront voir les commerces de cet axe sans ce fossé bruyant qui coupe la ville en 2, et auront plus envie de faire leurs courses au centre ville.
C’est peut-être, au lieu d’un changement de signalétique et un investissement dans des tote-bag, comme il nous est proposé de les voter dans une délibération de ce même conseil municipal, ce qui aiderait vraiment les commerçants de centre ville que nous soutenons absolument.
Les lieux sont faits pour y vivre, pas pour y passer !
Continuons, que proposez-vous pour l’adaptation au phénomènes climatiques ?
Il faut aller plus loin que le règlementaire et le basique.
Quelles sont les enjeux, les innovations ?
Je ne vais pas vous reparler de l’ombre des arbres dans nos rues qui semble pourtant tellement importante…
Prenons ensuite le retour de la nature en ville :
les 48 heures de l’agriculture urbaine, c’est très bien,
mais ce n’est pas 48h par an dont nous avons besoin, c’est 8760 heures par an !
Une bonne partie des actions proposées lors de ces 48h pourraient être étendues,
je vous ai déjà parlé d’inciter les habitants du centre-ville de gérer un bac à comestibles au pas de leur porte.
Vous nous parlez ensuite de la réfection des écoles.
Mais est-ce que ces améliorations ont eu pour but de diminuer la consommation d’énergie ? La rénovation énergétique des bâtiments communaux est un investissement rentable et prioritaire, qui peut en plus bénéficier de financements par l’état. Isoler et produire de l’énergie sur les toits.
Cela n’a pas l’air d’avoir été dans les préoccupations citées.
Continuons la lecture. J’ai beaucoup aimé la rénovation du musée Jean Aicard et la visite commentée par Jean-Pascal Faucher. Mais que cela vient-il faire dans le chapitre sur lutte contre le changement climatique et la protection de l’atmosphère ?
Vous aimez que Toulon soit bien placé dans les palmarès.
Visons donc 5 libellules, ne nous contentons pas d’en avoir juste 2.
Il faut pour cela agir sur tous les points !
Ne pourriez vous pas proposer par exemple une réduction de l’éclairage public entre 1h et 6h du matin ?
Et faire respecter l’obligation légale d’extinction des publicités lumineuses pendant ce même créneau horaire, y compris sur le palais des sports ? Cela réduirait la pollution lumineuse nocturne et la consommation d’énergie.
Et ferait faire des économies à la ville.
Je tourne un peu plus vite, nous n’avons pas assez de temps,
mais le chapitre sur la qualité de vie ne montre que de petites actions certes fort louables, mais encore une fois sans ambition ou alors pas assez nombreuses.
Au centre ville, j’apprécie ce qui a été fait au niveau architectural et réhabilitation des immeubles. Mais cela manque de végétalisation, d’humanité, de lien social.
Est-ce que, dans l’éco-quartier de Font-Pré, la place des Vignes où l’on n’a le droit ni de jouer ni de s’asseoir est une place conviviale pour développer le lien social ??
Pour citer John Ruskin : “L’essence de l’architecture est d’émouvoir et non d’offrir un simple service au corps de l’homme.”.
Il y a une pyramide des besoins : les besoins fonctionnels, de sécurité, de confort, de convivialité et tout en haut de la pyramide le “fun”. Ce “fun” qui fait que tout le monde a envie de venir dans la ville.
Et dans notre centre-ville, qu’y-a-t-il pour accueillir les minots, qu’y a-t-il pour qu’un ancien puisse se poser entre deux boutiques, qu’y a-t-il pour que les jeunes puissent s’amuser un peu ?
Rajoutons un peu de lien social et de “fun” dans la ville, pour redynamiser ce centre et aider les commerces qui en ont sacrément besoin en ce moment !
Le street art autour de la rue des arts fait partie du “fun”.
La table des joueurs de cartes est l’un de ces mobiliers urbains “fun” et qui crée en plus du lien en permettant de s’asseoir à 2.
Mais pour une ville de la taille de Toulon, il en faut beaucoup plus !
Je n’ai donné que des petits exemples, il faut en réunir des dizaines pour avoir une politique ambitieuse !
Et la suite est du même acabit, je ne vais pas monopoliser la parole en décortiquant ce texte jusqu’au bout.
Je vais juste vous dire que j’espère que Monsieur Mahali nouvellement en charge de ce programme va apporter une nouvelle ambition à notre ville.
J’espère qu’il va apporter des actions plus courageuses et visionnaires aux 16 petites lignes du projet 2021.
J’espère que je n’aurai pas l’an prochain à être aussi critique.
Nous avons à Toulon des urbanistes de talent, nous avons l’Audat qui a montré de magnifiques réalisations de projets durables lors de matinales très inspirantes en 2019, prenez leurs idées pour faire de Toulon une ville à la hauteur des enjeux du 21ème siècle !
Pour vous inspirer, lisez la ville rêvée des philosophes par Michel Eltchaninof.
Nous pourrions avoir des aides de la région en candidatant pour le Label
“Territoire durable – Une COP d’avance”. L’avez-vous fait ? Avez-vous lu tous les guides et aides proposés par l’Agence Régionale Pour l’Environnement et la Biodiversité PACA ?
Depuis 1992, l’Agenda21 est une trame qui aide les collectivités territoriales à mette en place des actions durables. Pourquoi ne pas s’en inspirer à Toulon ?
Pourquoi ne pas demander l’avis des toulonnais sur leurs envies par des référendums ou consultations ouvertes ?
Je me plairais même à rêver, comme au Pradet, d’un budget participatif alloué aux envies des habitants ! Cela fait partie du développement durable d’impliquer les citoyens dans la gestion de la cité.
Et je terminerai en disant que, plutôt que de me contenter de lire et voter des délibérations déjà entérinées et non modifiables,
je suis prêt, avec l’aide de Toulon en Commun et toute la réflexion de notre groupe,
à aider en amont en participant activement aux choix budgétaires dans ce domaine,
en proposant des solutions économes mais efficaces.
A vous de nous faire participer aux choix lorsqu’il y a encore débat possible.
Philippe Leroy, pour Toulon en Commun