Lors du conseil municipal du 30 mai 2023, Toulon en Commun est intervenu sur l’éducation (fermetures de classes, fermeture d’une école dans le triangle Casanova-Mistral-Carnot, déplacement des élèves du collège les Pins d’Alep), sur la pose de caméras au lieu de remettre des médiateurs, et sur le manque de concertation en amont des grands projets.
Après le déroulé du conseil et les notes de synthèses, vous trouverez les 3 interventions écrites et la revue de presse.
00.3.01 Information donnée au conseil municipal sur les mesures de carte scolaire proposées par l’inspection académique pour la rentrée 2023. Pour la rentrée 2023, sont prévues : En maternelle : – 1 création de classe sur l’école Charles Sandro, – 1 fermeture de classe sur l’école le Mourillon,- 1 dédoublement de classe sur l’école la Visitation. En élémentaire, 3 fermetures sur les écoles : – Francois Nardi,- Claret,- Les Remparts.
Madame le maire, chers collègues,
En préambule, je tiens à vous remercier pour nous avoir communiqué les documents de ce conseil plus en avance que d’habitude et pour nous avoir communiqué les dates des 5 prochains conseils. Merci beaucoup.
Je voudrais profiter de cette délibération pour exprimer brièvement le point de vue de Toulon en Commun sur les questions d’éducation.
Dans cette première délibération, vous nous demandez de prendre acte des décisions de l’inspection académique au sujet de la carte scolaire et de permettre à Madame le Maire de rendre effective cette décision.
Nous ne voulons cautionner en aucune manière des fermetures de classe qui impactent le département dans son ensemble vu la répartition départementale des postes, alors que le taux d’encadrement dans le var est l’un des plus faibles de France.
Par ailleurs, nous avons été confrontés récemment à deux décisions prises sans concertation à propos des écoles Mistral-Casanova-Carnot et du collège des Pins d’Alep.
La mobilisation des parents et professeurs a entraîné une concertation en cours pour ces deux décisions. Nous nous en réjouissons, mais il serait malgré tout plus logique de faire ces concertations dès le départ pour éviter ces luttes qui prennent beaucoup d’énergies inutilement.
Même si certaines de ces décisions ne sont pas de votre ressort direct, vous avez certainement le pouvoir, Madame le Maire, de faire améliorer les méthodes et nous vous en remercions par avance.
1.4.02 Concours restreint de maîtrise d’œuvre sur esquisse – création d’une médiathèque et d’un jardin dans le quartier de Saint Jean du Var à Toulon (propriété « Marnata »)
Madame le maire chers collègues,
Un projet de médiathèque et de jardin dans les quartiers Est de Toulon ne peut que me réjouir.
Mais, pour revenir à ma première intervention, avec quelle implication des habitants le cahier des charges a-t-il été élaboré ? De quelle manière les projets des 3 candidats seront rendus publics avant le choix par le jury ? Une exposition de ces projets serait très intéressante, pourquoi ne pas l’organiser à la Roseraie ?
Cette transparence dans les décisions concernant les grands projets de la ville me semble une des bases de la démocratie et j’espère que vous prendrez en compte ces remarques aussi bien sur ce projet que sur les autres grands projets comme Mayol à Pipady.
Je renouvelle par ailleurs mon souhait d’être impliqué, même de manière purement consultative, aux décisions concernant ces projets d’urbanisme.
En tant que nouveau maire de Toulon, première femme élue à la tête de la ville, je pense que vous avez l’occasion et peut-être même le souhait de changer certaines pratiques et je vous en remercie par avance.
01.1.05 Demande de soutien financier au titre du fonds interministériel de prévention de la délinquance 2023 pour les actions communales concourant à la prévention de la délinquance et de la radicalisation. Ce projet de délibération concerne le financement de 2 actions communales : 1/ la vidéo-protection, avec l’installation de 6 caméras (estimées à 104 342,53 € ht), 2/ l’acquisition d’équipements à destination de la police municipale, à savoir 53 gilets pare-balles (estimée à 18 595 € ht).
Madame le maire, chers collègues, en lisant cette délibération, j’ai eu envie de vous faire partager une réflexion sur les moyens de lutter contre la délinquance.
Pensez-vous qu’une caméra soit vraiment dissuasive ? Au mieux, elle fera déplacer la délinquance hors de son champ de vision. Et vu la surface de notre territoire, le couvrir de caméra est illusoire. Je vous rappelle l’étude de la gendarmerie de 2021 qui pointait que sur 1939 enquêtes, seules 22 ont pu être résolues grâce à la vidéo-surveillance !
Les médiateurs de nuit ont été créés au début des années 2000 dans les quartiers de la Beaucaire d’abord, l’expérience a été élargie a d’autres cités toulonnaises. Et à la commune d’Ollioules. Le financement était mutualisé, état, région, département, ville. La formation et le recrutement étaient de la responsabilité de la ligue de l’enseignement. Un comite de suivi se réunissait régulièrement avec un élu de chaque collectivité, assisté d’un fonctionnaire, et l’état était représenté par le sous préfet de Toulon. La mission de ces médiateurs, qui disposaient de véhicules pour accomplir leur job, était d’intervenir sur les conflits de voisinages, les petites altercations qui pourrissent la vie des quartiers, et ne nécessitent pas l’intervention de la police.
Ils sont dans la médiation, pas la répression. Pour être efficace il faut d’abord gagner la confiance des habitants et notamment des jeunes par une prise de contact avec le quartier, par le biais des responsables associatifs, des locataires, des gardiens, des animateurs des clubs… C’est une partie importante du travail, celui qui permet d’intervenir sans trop d’accrocs et être acceptés par le plus grand nombre. Le travail de présence se déroulait entre 19h et minuit, par des tournées dans les quartiers avec des véhicules identifiables.
Des rapports quotidiens étaient remis aux responsables du dispositif, afin de mesurer les problèmes et d’y faire face. Les médiateurs étaient aussi les interlocuteurs dans un rapport de confiance avec le responsable de la police chargé des problèmes de la ville. Toulon à l’époque a eu la chance de bénéficier de la présence d’un commissaire principal spécialisé dans ce domaine, attentif, a l’écoute et disponible.
Cette organisation a plutôt bien fonctionné, mais cela réclame effectivement des moyens relativement conséquents, et des équipes formées et solides, pas dans le genre grands frères, où les recrutements sont plus aléatoires, et un investissement du politique.
Plutôt que de supprimer ce qui marchait relativement bien, il aurait fallu au contraire le consolider et l’adapter aux évolutions de la vie des quartiers. A la disparition de ce dispositif, les réseaux de dealers ont eu la voie libre pour s’installer dans ces quartiers avec la suite que l’on sait. Aujourd’hui a part la BAC dont la mission est de sauter sur les contrevenants, la nuit il n’y a personne en interface comme interlocuteur des habitants.
La prévention est au final beaucoup moins chère que la répression.
Reconquérir l’espace ne sera pas une chose facile, mais investir dans ces médiateurs sera sûrement plus bénéfique pour rendre la ville plus sûre qu’investir dans des caméras à l’utilité mise en doute par la gendarmerie elle-même.
Le Réseau des Villes Correspondants de Nuit et de la Médiation Sociale est ouvert à toutes les structures gérant des services de médiation sociale, qu’elles soient en phase de création de dispositif, dans une phase de lancement ou en charge de services pérennes. Il regroupe aussi bien des villes de droite que de gauche.
J’espère, Madame le Maire, que vous saurez bientôt infléchir la politique de prévention de notre ville et prendrez conseil auprès de ce réseau.